Guillaume du Sable, auteur de « La Muse Chasseresse » (1611), son environnement familial et ses origines

Nous ne connaissons de Guillaume du Sable que son ouvrage « La Muse Chasseresse », imprimé en 1611. Tout comme la note assassine figurant sur l’exemplaire de « La Muse Chasseresse » conservé à la Bibilothèque de l’Arsenal (« Ses vers sont médiocres. Ce sont des espèces de coq-à-l’âne que l’ont a appelé depuis des amphigouris« ), les commentaires que Viollet-le-Duc a pu en faire dans son « Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. Viollet-le-Duc » ne créditent du Sable que d’un « très médiocre talent poétique » mais lui reconnaissent toutefois un « intérêt historique très réel ».

Les éléments biographiques concernant du Sable sont parcellaires : la notice figurant en préambule de l’édition (partielle) de 1884 de la « Muse Chasseresse » mentionne que, « gentilhomme de la vénerie du roi » (charge pour laquelle il aurait servi pas moins de huit rois, à partir de François 1er) et huguenot Guillaume du Sable « parait avoir résidé » pendant la Ligue « dans le pays de Compiègne ». Elle le considère également comme étant « de très bonne noblesse, originaire de Gascogne », supposition sans doute reprise de Guillaume Colletet, dans les quelques pages qu’il lui consacre dans ses « Vies des Poètes Français ». Origine pour le moins douteuse puisque certains des quatrains de Guillaume du Sable (non inclus dans l’édition de 1884) sont destinés à ses cousins, issus de familles de la noblesse du Valois (les Vassan, Nogentel et Grandmaison). D’après Colletet, Guillaume du Sable serait mort en 1615, à plus de 80 ans.

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La Muse Chasseresse – édition de 1884 disponible sur Gallica

Quelques documents d’archives retrouvés récemment sur Guillaume du Sable permettent de le mieux situer dans son contexte familial et géographique, dans la région de Vivières (Aisne). En effet, deux documents notariés où figurent la signature de Guillaume du Sable nous sont parvenus :

  • dans le premier, daté du 6 décembre 1575, « noble homme » Guillaume du Sable, « écuyer », absent, « gentilhomme de la vénerie du roi, demeurant à Viviers », a donné l’autorisation à sa femme de vendre à un laboureur de Soucy (Aisne) quelques terres qui y sont situées. On apprend donc le nom de la femme de Guillaume du Sable, jusqu’alors inconnu: il s’agit de Marie de Radingan, issue d’une famille de la petite noblesse de la Brie (Archives Départementales de l’Oise, minutier de M. Delaplanche, notaire à Villers-Cotterêts).
  • lorsque le deuxième document, daté de 1600, est rédigé Marie de Radingan est décédée. C’est accompagné de sa fille Jeanne du Sable et de son gendre, Nicolas de Nuisement, écuyer, seigneur de Dommartin-la-Planchette, vicomte d’Urcel, que Guillaume du Sable, « écuyer, demeurant à Viviers »baille à un laboureur de Vivières la maison dite « Maupertuis », à Vivières (Archives Départementales de l’Aisne, 213E/134, minutier de M. Bouchel, notaire à Coeuvres). Ce document identifie indiscutablement l’écuyer Guillaume du Sable, de Vivières, comme l’auteur de la « Muse Chasseresse », dont une page cite le « sieur de Domartin », à qui le poète avait marié sa fille.
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Mention en 1575 de Guillaume du Sable dans le minutier notarial de Villers-Cotterêts

On retrouve le nom de Nicolas de Nuisement, qui habite également à Vivières, dans plusieurs autres documents de la même époque. Ces documents nomment d’autres membres de la famille de Guillaume du Sable :

  • en mai 1593, Nicolas de Nuisement achète des biens appartenant au verrier Abraham du Thézacq, écuyer, demeurant à la verrerie d’Esquéhéries, jeune fils à marier de Françoise du Sable, « demeurant au bois du village de Esquéhéries », veuve de « noble homme » Jacques du Thésacq (Archives Départementales de l’Oise, 2E40/106, minutier de M. Delaplanche, notaire à Villers-Cotterêts). Le document mentionne une soeur de Françoise du Sable, Marguerite du Sable, « vivante femme du sieur de Béry », dont on sait par d’autres sources qu’il s’agissait du verrier François de Cacquerel (Archives Départementales de l’Oise, 2E40/101, minutier de M. Lejeune, notaire à Villers-Cotterêts, minute du 5 juillet 1575) ;
  • en novembre de la même année, Nicolas de Nuisement achète des biens appartenant à Jean de Cailleux, « écuyer demeurant à Nouroy » (Noroy sur Ourcq, Aisne), et à sa femme Anne du Sable (ibidem). Anne du Sable avait auparavant épousée un écuyer du nom de Cherpin, car son fils Antoine de Cherpin « écuyer demeurant à Nouroy » est cité en 1602 (ibidem).
  • enfin, en 1597, il baille à un laboureur de Vivières la « maison vulgairement appelée la maison du Sable » (Archives Départementales de l’Aisne, 213E/134, minutier de M. Bouchel, notaire à Coeuvres).

Si la famille du Sable est si présente dans le Valois en cette fin de XVIè siècle, c’est qu’elle y est établie depuis quelques temps déjà :

  • il est probable que le père de Guillaume du Sable soit ce Gabriel du Sable, qui reçoit au début de l’année 1533 soixante livres tournois de gages pour sa charge de garde de la forêt de Retz. Gabriel est également cité lors de la rédaction de la coutume de Valois en 1539, ainsi que dans de nombreux documents fonciers concernant le village de Fleury (Aisne), où il habitait avec sa femme Françoise de Fresne. Gabriel loue notamment en 1532 des terres à Nicolas du Thézacq, pour lui permettre d’établir sa verrerie de Fleury (Archives Nationales, R4/962). La famille de Fresne possédait des terres à Vivières, dont a pu hériter Guillaume du Sable.
  • avant lui on connait Antoine du Sable, qui reçoit quarante livres tournois de gages en 1517 pour la même charge de garde de la forêt de Retz. Antoine du Sable, qui prend la qualité d’écuyer, avait épousé Justine Redoubte, originaire de Pierrefonds (Archives Nationales, R4/136).
  • enfin, un certain Denis du Sable, « seigneur de la Mothe aux Bois en Valois » (lieu non identifié), doit en 1536 une rente sur une maison à « Rieu en Beauvaisis » (Rieux, Oise). C’est sans doute ce même Denis du Sable que celui cité à Pierrefonds en 1532 dans l’acte de vente du fief du Petit Autreval, dans lequel il est dit « écuyer » (Archives Nationales, R4/136).

Les quelques documents qui ont pu être retrouvés sur Guillaume du Sable montrent donc ses origines familiales dans le Valois, dans les environs de Vivières et de Pierrefonds. On notera la présence dans son environnement familial des familles de « gentilhommes verriers » de la région (Thézacq, Cacquerel). La lecture du texte de 1611, qui n’est pas repris intégralement dans l’édition de 1884, permettra peut-être à l’avenir d’en savoir plus sur Guillaume du Sable.

LKO.

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