Archives mensuelles : février 2014

La « maison » de Beauvoir à Orrouy, ancienne possession des Templiers

Lors du procès des Templiers en 1307 est citée la maison qu’ils possèdent à Orrouy (« domus de Oratorio super Autonem »), dont le précepteur était alors Pierre de Villers Adam. Cette maison n’était autre que l’actuelle ferme de Beauvoir. En effet, dans une déclaration des biens appartenant aux religieux de Bourgfontaine datée de 1595 et conservée aux Archives Nationales (R4/175), on lit :

« Le fief de Beauvoir, séant à Orrouy. Aussy à cause de leur primitive fondation  leur appartient ung fief et seigneurie séant en la parroisse d’Orrouy en la vallée d’Authonne nommé Beauvoir tenu et mouvant du Roy à cause de son chastel de Crespy. Auquel fief lesdits religieux ont justice foncière qui fut jadis aux Templiers et consiste icelluy fief en ung hostel, granges, estable, bergerie, lieu et pourpris comme il se comporte le tout fermé de murs (…) ».

On retrouve dans le document de 1595 la mention d’autres propriétés de l’abbaye de Bourgfontaine ayant appartenu aux Templiers, avec à chaque fois le rappel qu’il s’agit de biens attribués lors de la « primitive fondation » de l’abbaye : leur fief de « Sennevières en Mulcien (…) qui fut jadis aux templiers (…) vulgairement appelé le Temple » (Sennevières, commune de Chèvreville, canton de Nanteuil-le-Haudouin, Oise) et une ferme avec colombier à Mortefontaine également appelée le Temple (Mortefontaine, canton de Vic-sur-Aisne, Aisne).

La fondation de l’abbaye de Bourgfontaine, dont il est question dans le texte, date de 1323, c’est à dire un peu moins de dix ans après la chute des Templiers et la confiscation de leurs biens. A. Moreau-Néret a détaillé dans un article publié en 1967 par la Société Historique Régionale de Villers-Cotterêts comment ces biens des Templiers avaient contribué à la fondation de l’abbaye de Bourgfontaine.

Un autre document conservé aux Archives Départementales de l’Oise (H3618) au sein des volumineuses archives de la chartreuse de Bourgfontaine est un « inventaire et extraits des titres et pièces de la terre et seigneurie de Beauvoir », qui mentionne un grand nombre de documents aujourd’hui perdus. C’est ainsi qu’on connait un grand nombre de baux de la maison de Beauvoir :

  • 7 janvier 1478 : bail pour 18 ans à Pierre Ducher, moyennant le paiement annuel de 14 livres, un setier de pois et un setier de noix.
  • 6 janvier 1491 (sic) : bail pour 25 ans au même Pierre Ducher
  • 10 avril 1535 : bail pour 9 ans à Mahieu Ducher
  • 18 avril 1543 : bail à Christophe Ducher, aux mêmes conditions que le bail précédent
  • 14 décembre 1549 : bail pour 9 ans à André Drouart
  • 20 janvier 1566 : bail à Jacques Dupuis
  • 19 décembre 1576 : bail à Nicolas Baudequin
  • 7 juillet 1579 : bail à Martin Baudequin
  • 3 juin 1606 : bail à Jean Mesnil
  • 7 juillet 1614 : bail à la veuve et aux enfants de Jean Mesnil
  • 1 avril 1620 : bail à Pierre de Blesson
  • 26 mars 1624 : transport du bail à Laurent Dubois
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Le minutier de Jacques Vuaroquier, notaire à Pierrefonds (1603-1637)

Les minutes des actes passés devant Jacques Vuaroquier, « notaire héréditaire royal juré en la chastellenie et prévosté de Pierrefonds, en la résidence dudit lieu » sont conservées aux Archives Départementales de l’Oise, sous la forme de trois liasses de documents en bon état, dont les cotes et les dates extrêmes sont les suivantes: 2E58/19(1603-1615), 2E58/20 (1616-1625), 2E58/21(1626-1637). Ces documents font partie du volumineux minutier notarial de Pierrefonds, constitué de plus de 270 liasses d’archives, couvrant une période allant de 1584 à 1903 (avec une lacune de 1809 à 1868).

Il y avait à Pierrefonds au début du XVIIè siècle deux autres études de notaires, dont les seuls traces sont des copies d’actes conservées dans plusieurs fonds intéressant Pierrefonds. La première était l’étude d’Antoine Gosset (que les documents qualifient souvent de « procureur es sièges royaux » et parfois de « tabellion royal juré en la châtellenie de Pierrefonds »). Gosset avait semble t-il succédé à son beau-père Jacques de Boursezel, décédé à Pierrefonds le 21 mars 1602; la deuxième étude était celle du notaire François Vuaroquier, dont on ne sait absolument rien. Dans les environs, les études notariales les plus proches étaient celles de Bonneuil en Valois (dont les archives sont perdues) et Crépy-en-Valois au sud, celle de Béthisy-Saint-Martin à l’ouest, celles de Compiègne au nord, d’Attichy et Vic sur Aisne au nord-est et celles de Villers Cotterêts et Coeuvres à l’est. L’étude d’Hautefontaine n’a été créée que beaucoup plus tard, à la fin du XVIIè siècle.

Jacques Vuaroquier était l’un des trois fils de Jean Vuaroquier, marchand à Pierrefonds, décédé avant 1597, lui même fils de Toussaint Vuaroquier, aussi marchand à Pierrefonds. La famille est ancienne dans la région: dans les déclarations de cens portées au cartulaire des Célestins de Saint Pierre en Chastres en 1521 figurent Pierre Warocquier, de Cuise, et Jean Warocquier, de la Faloise, paroisse d’Attichy. Si les Vuaroquier étaient des marchands, ils ont également des fonctions de justice et de droit au début du XVIIè siècle : Jean et Toussant Vuaroquier sont aussi mentionnés comme procureurs, respectivement en 1602 et 1622.

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