Une petite histoire de la restauration du château de Pierrefonds

La Société d’Histoire Moderne et Contemporaine de Compiègne vient de publier le numéro 139-140 (automne 2015) de sa revue « Annales Historiques Compiégnoises », intégralement consacré au village de Pierrefonds entre le XVIIè et XXè siècle.

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Parmi les travaux présentés figure un article résumant mes recherches dans le Journal des travaux de Lucjan Wyganowski, qui était le chef de chantier de Viollet-le-Duc lors de la restauration du château, entre 1858 et 1885. J’en livre ici les premiers paragraphes:  retrouvez la suite dans les « Annales Historiques Compiègnoises »

Les Archives Départementales de l’Oise conservent trois fonds provenant du château de Pierrefonds. Parmi les très nombreux documents relatifs à la reconstruction du château, décidée en 1857 par l’empereur Napoléon III, figure le journal des travaux tenu par Lucjan Wyganowski, qui a supervisé la restauration quotidiennement, pendant 27 ans, comme inspecteur des travaux, sous les ordres des architectes Eugène Viollet-le-Duc (de 1858 à 1879), Maurice Ouradou (de 1879 à 1884 ) et enfin Juste Lisch (1884 et 1885). Si ce journal, formé de quatre tomes totalisant 606 pages et couvrant la période du 15 janvier 1858 au 31 décembre 1885, est crucial pour l’analyse architecturale de la restauration, il fourmille également de mentions relatives à la vie quotidienne du chantier. C’est à cette petite histoire de la restauration du château ainsi qu’à la personne de Lucjan Wyganowski que va s’intéresser cet article.

L’actuel château de Pierrefonds a été construit à partir de 1396 par Louis, duc d’Orléans et de Valois, sur l’emplacement ou à proximité de l’emplacement d’un premier château datant des puissants seigneurs de Pierrefonds (XIè et XIIè siècles). Place stratégique, notamment pendant les guerres de religion qui ont embrasé la région à la fin du XVIè siècle, le château fit l’objet d’un dernier siège par les armées du roi en 1616, alors qu’il était tenu par le marquis de Coeuvres, qui s’opposait au roi. Le château est démantelé l’année suivante.

Le démantèlement du château, le rattachement de la prévôté au siège présidial de Crépy-en-Valois en 1638 puis à la création du bailliage de Villers-Cotterêts en 1703, avaient conduit Pierrefonds, chef-lieu d’une des cinq châtellenies du Valois, à un lent déclin au cours des XVIIè et XVIIIè siècles. C’est à cette époque que la petite communauté des gens de justice disparaît, ainsi que celle des petits seigneurs locaux, maintenant que les fiefs appartiennent à des notables qui ne résident pas en permanence à Pierrefonds. Carlier, dans les premières pages de son « Histoire du Duché de Valois », publiée en 1764, témoigne de ce déclin : « la châtellenie de Pierrefonds diffère des autres, en ce que son chef-lieu n’est plus, pour ainsi dire, qu’un désert ». Alexandre Dumas ne dit pas autre chose, lorsqu’il écrit en 18575 : « Pierrefonds (…), il y a trente ans, était encore une solitude dans le genre de celle des Pampas ou des montagnes rocheuses ». Un village « triste, pauvre, presque abandonné, avec des masures en chaume », ajoute un guide touristique de la même époque. Ce n’est effectivement que dans la première moitié du XIXè siècle qu’un changement s’opéra, auquel un attrait nouveau pour les ruines du château n’est pas étranger. Cet attrait s’exerce notamment auprès d’artistes peintres : Jacques Auguste Régnier, représentant d’un style troubadour, présente au Salon de 1817 une représentation des ruines, qui inspirent également quelques années plus tard Camille Corot. En 1825, la duchesse d’Angoulême fait placer des harpes éoliennes au milieu des ruines. Et surtout, en 1832, Louis-Philippe utilise les ruines comme décor lors d’une réception consécutive au mariage de sa fille Louise avec Léopold Ier, roi des Belges.

Ce renouveau fut accéléré par la transformation du village en station thermale suite à la découverte d’eaux sulfureuses et ferrugineuses par le peintre paysagiste Louis-Joseph Deflubé en 1845, puis par les travaux de restauration du château, ce que Dumas résume ainsi : « Peu à peu la lumière et la vie pénétrèrent à Pierrefonds. Pierrefonds était un village, il devint un bourg. Ce village avait un étang, cet étang devint un lac » (…)

 

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