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La capitaine de Rieux et la Ligue dans le Valois : une histoire de famille…

Le nom du capitaine Rieux, qui prit en 1589 le château de Pierrefonds au nom de la Ligue est bien connu des ouvrages d’histoire locale. Il est généralement présenté comme le chef d’une bande de soldats se comportant comme des pillards, mettant à feu et à sang les campagnes alentours. L’abbé Carlier, dans son Histoire du Duché de Valois, commente ainsi le destin de celui qui fut finalement pendu à Compiègne en mars 1594 : « Rieux méritait la peine du gibet comme rebelle, chef de parti, comme traitre du Roi, comme brigand, comme assassin et comme un scélérat qui poussait au crime ». Dans son article intitulé « Recherches sur le capitaine Nicolas de Rieux, gouverneur de Marle, Pierrefonds et Laon » Stanislas Prioux tente de réhabiliter Rieux « faussement défiguré par la plupart des historiens qui ont écrit sur la Ligue ». Deux témoignages contemporains de ces événements semblent ne jamais figurer dans les sources de ceux qui ont écrit sur Rieux et apportent un éclairage particulier : le premier est celui d’Esmery de Foucault, prieur de Saint-Sulpice de Pierrefonds au début du XVIIè siècle qui écrivit un « Mémoire des révolutions arrivées à la ville de Pierrefonds pendant les guerres civiles au XVIè siècle » ; le second est celui de Guillaume du Sable, gentilhomme de la vénerie du roi et poète à ses heures, qui consacra plusieurs textes à Rieux dans sa « Muse Chasseresse ».

« Rieulx le jeusne » et « Rieulx l’aisné »

Dans son récit de l’année 1589 Foucault écrit : « Environ le mois de may de la dicte année, à cause de la guerre que faisoient iceulx, le sieur de Rieulx le Jeusne qui estoit du party du Roy, vint nuitamment audict Pierrefons avecq nombre de gens de guerre, prit le bourg, mit le feu en plusieurs maisons qui furent bruslées et y eut grand dommage partout ». Une note, de la main d’Amédée de Caix de Saint Aymour, qui a transcrit le texte de Foucault précise que « on appelait Rieux de Pierrefonds « M. de Rieux le Jeune », pour le distinguer du maréchal du même nom ». C’est peu probable et ce pour plusieurs raisons : d’une part le maréchal dont il est question, Jean de Rieux, était décédé en 1514, et il était peu probable qu’on les confonde ; d’autre part, Foucault mentionne à la phrase suivante « Rieulx l’aisné » : « Peu de temps après, le sr de Rieulx l’aisné se vint réfugier dans ledict Prieuré avecq nombre de soldatz, tant de cheval que de pied, et vivoient là dedans comme à une armée, prenant les biens dudict feu sieur Prieur, gastant et desmolissant tous les bastimens comme font ordinairement tels gens, et faisoient les dicts gens de guerre la guerre partout ».

C’est ce « Rieulx l’aisné » et non « Rieulx le jeune » qui allait devenir le gouverneur et commandant du château. Après avoir raconté comment le maréchal de Biron échoua, en août 1591, à reprendre le château, Foucault ajoute en effet : « Et fut ledict siège mis en l’année cinq cens quatre vint et onze, quy estoit lors gouverneur et commandant dans ledict chasteau ledict sieur de Rieulx, qui quitta ledict Prieuré, se mit par le consentement dudict sieur Lieutenant dans led. chasteau, où après y avoir esté quelque temps avecq ledict Lieutenant, ledict de Rieulx mit hors d’icelluy ledit Lieutenant. »

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