Il y avait à Pierrefonds sous l’Ancien Régime un grand nombre de fiefs, d’importance variable (le Grand Autreval, Champbaudon, Branges et Haucourt, Ruisseaux, la Follye, Le Bois des Darrideaux, Belliole, Bournonville, Hermerel, Verneuil, …) L’histoire de ces fiefs est en partie connue grâce à des séries de documents féodaux conservés en série R4 aux Archives Nationales, et grâce aux minutes des notaires des XVIIè et XVIIIè siècle. Parmi ces fiefs, le Petit Autreval, dont l’hôtel seigneurial était situé au lieu qui est toujours connu aujourd’hui sous ce nom.
Introduction
Le fief du Petit Autreval était l’un des deux fiefs situés à Pierrefonds qui relevait de la seigneurie de Montgobert (avec le fief de Bournonville) . Aucun droit n’était attaché à ce fief. Le revenu des cens attachés au domaine concédé était de quatre deniers par essin. L’histoire du Petit Autreval est assez bien connue grâce à plusieurs aveux et dénombrements conservés aux Archives Nationales et aux Archives Départementales de l’Oise.
Maison seigneuriale
La maison seigneuriale était appelée « le Petit Autreval » et correspond à l’actuelle ferme du Petit Autreval. En 1684, elle est décrite ainsi : « la maison appelée le Petit Autreval sise à Pierrefonds consistant en un corps de logis grange estable coulombier le tout couvert de thuilles cour jardin et enclos contenant au total huit essins ou environ ». Cette maison tenait « d’un lez par bas à l’enclos du Grand Autreval d’autre par haut à la rue qui descend à Pierrefonds d’un bout à une autre rue qui conduit au Grand Autreval d’autre aux héritiers Guy de Billy ».
Domaine réservé
Le domaine réservé était assez important. Il ne contenait aucune autre maison que la maison seigneuriale mais se constituait de terres, essentiellement en larris, situées autour de la maison seigneuriale, ainsi que de nombreuses terres agricoles (29 parcelles sont mentionnées dans l’aveu de 1684) situées sur le terroir de Pierrefonds aux lieudits : La Haute Borne, Le Poirier Vallerand, Le Moulin à Vent, La Solette, Le Cessier Cornet, Le Fond du Cornallier, Les Boursaudes, La Terrière, Le Clos Notre-Dame, Le Chaufour, Le Fond des Carrières, Le Champ Dollent, La Croix Blanche, Le Suif, La Queue de Saint-Etienne, Le Noyer de L’Escu. Une parcelle se situait sur le terroir de Saint-Etienne, au lieu dit La Justice.
Domaine concédé
Le domaine concédé ne comportait qu’une maison située en dessous du Mont-Moyen, ainsi que de nombreuses parcelles situées sur le terroir de Pierrefonds, au lieuxdits : le Cessier Cornet, La Prairie du Bourg, Le Champ Dollent, La Croix Blanche, La Gorge Hirault, La Noue Jean Bitry, le Champ Dollent, le Cornallier, La Justice, Le Clos Notre Dame, La Fontaine des Coulons, Le Martreuil, Le Fond des Carrières, Le Clos du Grand Autreval . Quelques parcelles se trouvaient sur la partie du terroir de Saint-Etienne limitrophe du terroir de Pierrefonds, aux lieudits Le Noyer de l’Escu, Au Dessous de la Justice, La Justice Gribollot.
Arrière-fiefs
Les registres des fiefs et arrière-fiefs du Valois de 1568 et 1639 mentionnent un seul arrière-fief mouvant du Petit Autreval: « trois pièces de terre séant au terroir de Pierrefonds tenus en fief du Petit Oultreval appartenant au auians cause de Mr Jehan de Crévecoeur et de pnt à (illisible) l’un des gentilhommes du roi » (registre de 1568), « trois pichets de terres séant au terroir de Pierrefonds tenus en fief du Petit Oultreval et en arrière fief dudit Valois qui ont appartenu aux hoirs M. Jean de Crévecoeur depuis au sr de Livré de pnt au sieur de Baillet » (registre de 1638). Il n’en est pas fait mention dans les dénombrements ultérieurs et il fut sans doute réuni vers le milieu du XVIIè siècle à la seigneurie principale.
Détenteurs du Petit Autreval
I. Gilles PICART ou PIGNART
Il est cité dans le dénombrement du Valois de 1376 : « Item fié que tient Gilles Picart, séant à Pierrefonds, au lieu que on dit Autreval ». Un dénombrement de la seigneurie de Montgobert daté de 1573 mentionne d’ailleurs comme arrière-fief le « fief nommé Petit Outreval, que soulloit tenir Gilles Pignart ».
II. Enguerrand COQUEREL
On lit dans « Montgobert et son château », par Maxime de Sars, que le fief du Petit-Autreval fut saisi en 1426 pendant 9 mois sur Jean de Crèvecoeur, lieutenant en la châtellenie de Pierrefonds, qui le tenait du chef de sa femme, fille d’Enguerrand Coquerel. De Sars avait dû trouver cette information dans les registres des assises de Pierrefonds, conservés en série R4 aux Archives Nationales, aujourd’hui incommunicables. Enguerrand Coquerel était sans doute le clerc de l’élu de Compiègne, procureur à Compiègne et clerc de la forêt de Cuise mentionné en 1406 (Anne-Marie Bocquillon, « Le Roi dans ses forêts de Cuise, Laigue, Retz du XIIIè au XVè siècle », tome II, p 829). La famille Coquerel était, comme la famille de Crévecoeur, une famille de gens de justice. En 1388 un Pierre Cocquerel est tabellion à Pierrefonds et 1414 un Jean Cocquerel exerce la même fonction (cité par Louis le Floch dans son « Histoire de Cuise-la-Motte », sur la base d’archives privées, p 362) et en 1426 un personnage du même nom est « procureur, clerc de la prévôté, tabellion, commis à recueillir les mainmortes et formariages de la châtellenie de Pierrefonds » (Archives Nationales, R4/127). Le catalogue analytique des archives du baron de Joursanvault mentionne, à la date de 1444, un Coquerel « lieutenant en la châtellenie de Pierrefonds et maître des eaux et forêt de Valois ».
III. Jean I de CREVECOEUR
Jean de Crèvecoeur était donc lieutenant en la châtellenie de Pierrefonds et avait épousé la fille d’Enguerrand Coquerel. On ne sait rien de plus sur lui.
IV. Jean II de CREVECOEUR
Il n’est jamais mentionné comme seigneur du Petit Autreval mais il dût posséder ce fief puisque son fils Philibert le possédait au début du XVIè siècle. Jean II de Crèvecoeur était le fils ou le petit-fils de Jean I de Crèvecoeur. Il avait épousé Jeanne de Vassault, qui descendait des seigneurs de Cuise par sa mère Charlotte de Cuise, femme de Jean de Vassault. Il était également seigneur du fief de Belliole, à Pierrefonds et de du Mesnil et des Armaneurs, à Cuise.
V. Philibert de CREVECOEUR
Fils de Jean II de Crèvecoeur, il vend le Petit Autreval le 29 janvier 1532 à Charles d’Aumale, écuyer, seigneur d’Haucourt, pour 3699 livres 13 sols et 6 deniers tournois (Archives Nationales, R4/136). Philibert de Crévecoeur était bourgeois de Paris, ville où il exercait comme marchand drapier. Il n’habitait pas le Petit Autreval, qu’il avait baillé à ferme à Jean Fontaine (à l’époque de la vente, il restait encore 9 ans de bail pour Fontaine). Philibert de Crévecoeur avait épousé en 1516 Opportune Gouget (contrat de mariage du 23 avril 1516), veuve d’un marchand drapier parisien. Il était également seigneur du fief de Brange à Pierrefonds, revendu le même jour de 1532 à Charles d’Aumale, des fiefs de Berneuil et Hermerel à Pierrefonds, et des fiefs du Mesnil et des Armaneurs à Cuise (aveu et dénombrement de 1540, Archives Nationales, R4/131), qui lui venaient de sa mère.
VI. Charles d’AUMALE
Le Dictionnaire de la Noblesse le dit fils de Jean d’Aumale, vicomte du Mont-Notre-Dame, et de Jeanne de Rasse. Comme il est mentionné ci-dessus, il achète en 1532 les fiefs du Petit Autreval et de Brange à Philibert de Crévecoeur.
VII. Raoul I de VIENNE
Raoul I de Vienne avait acheté le Petit Autreval en 1547 (voir Caumartin, « Recherche de la noblesse de Champagne »), qui donne une généalogie de cette famille, depuis Raoul). Raoul possédait également le fief du Grand Autreval : pour la première fois sans doute, les deux fiefs du Petit et du Grand Autreval se trouvaient entre les mains du même seigneur. Raoul de Vienne était clerc d’office de la Duchesse de Savoie en 1540 et 1548, puis son valet de chambre en 1570. Il avait épousé Marie Rangueil.
VIII. Raoul II de VIENNE
Fils de Raoul I de Vienne. Il avait épousé Anne Chrestien, par contrat de mariage du 20 juin 1579 (voir Caumartin, « Recherche de la noblesse de Champagne »). Il transmit à sa mort le fief du Grand Autreval à son fils Raoul III de Vienne, et celui du Petit Autreval à son autre fils Antoine, qui suit.
IX. Antoine de VIENNE
Fils de Raoul II de Vienne. Il n’habita pas toujours le Petit Autreval. Ainsi, en 1622, il habitait à Vieux-Moulins (Archives Départementales de l’Oise, minutier notarial de Pierrefonds, minutes du 15.04.1622 et du 18.05.1623). En 1629 Il épousa Marie Charondas le Caron, fille du jurisconsulte Louis le Caron, seigneur de Canly. Marie Charondas le Caron était décédée avant le 18 mai 1623. Ils n’eurent qu’une héritière, Anne de Vienne.
X. Jean de LUX
Ecuyer, seigneur du Moncel. Jean de Lux n’était pas originaire de la région. Le fief du Moncel relevait de la Tour de Fismes et appartenait à cette famille depuis Jacques de Lux, qui en fait l’aveu et le dénombrement en 1523, après l’avoir hérité de Jean de Lux, son père, et Nicolas de Lux, son frère. Jean de Lux était devenu le seigneur du Petit Autreval en épousant Anne de Vienne. Décédé avant le 6 septembre 1670, date à laquelle Anne de Vienne présente l’aveu et le dénombrement du fief du Petit Autreval à Jean-Armand de Joyeuse, seigneur de Montgobert. Les cinq enfants de Jean de Lux et Anne de Vienne, Antoine, Jean, Alexis, Louis et Marie, habitaient le Petit Autreval en 1670. La succession de Jean de Lux et Anne de Vienne fit l’objet d’un accord devant le notaire de Pierrefonds le 10 décembre 1680, entre « Louis de Lux, écuyer, seigneur du Petit Autreval, demeurant à Pierrefonds, d’une part, Antoine de Lux, écuyer, Jean de Lux, écuyer, et Marie de Lux, demeurant à Pierrefonds, d’autre part, tous frères et sœur » sous l’arbitrage de Louis de Carondas, « chevalier, seigneur de Vaulx, gentilhomme ordinaire du roi, demeurant à Paris, rue des jardins, paroisse St Paul », Charles de Crestien, « chevalier, seigneur de Bonneuil, y demeurant », et Nicolas DE DANZEL, « écuyer, seigneur de Beaufort, demeurant à St Etienne ». Lors de la recherche de la noblesse de 1667, les de Lux furent maintenus par l’intendant Dorieu, sur preuves de 5 générations, remontant à 1529.
XI. Louis de LUX
Fils ainé de Jean de Lux et Anne de Vienne. Il hérita du Petit Autreval à la mort de son père et en présenta l’aveu et le dénombrement le 24 avril 1684. Il avait épousé Jeanne Gosset, veuve du prévôt de Pierrefonds Pierre Sabinet (Archives Départementales de l’Oise, minutier notarial de Pierrefonds, contrat de mariage du 31 octobre 1670). Il n’eut qu’une fille unique Marie de Lux. Louis de Lux déclare comme armoiries devant d’Hozier : « d’argent à trois mouchetures d’hermines de sable ».
XII. Jean de HESSELIN
Fils de Jean Claude de Hesselin, écuyer, seigneur de Hauteville, et de Charlotte de Hesselin. Il était originaire de Chelles, et issu d’une famille alliée aux de Vienne dès la fin du XVIè siècle. A l’époque de son mariage avec Marie de Lux, il habitait à Croutoy. Cette dernière lui apporta en dot le Petit Autreval, par contrat de mariage du , Louis de Lux se réservant toutefois une pension viagère de 366 livres. Jean de Hesselin était encore seigneur du Petit Autreval le 4 août 1719, date à laquelle il fait acte de foi et hommage au seigneur de Montgobert. Henry François de Hesselin, frère de Jean, avait déclaré ses armoiries devant d’Hozier : « écartelé d’or et de gueules, à un lion de l’un en l’autre, et une bordure fleurdelizée aussy de l’un en l’autre ».